Meilleure discrimination et changement de notes : notre regard d’experts sur le nouveau Nutri-Score
Le Nutri-Score évolue, et avec lui, la manière dont vos produits sont évalués. Comme nous l’évoquions dans notre article du mois dernier, la mise à jour de l’algorithme de calcul du Nutri-Score a eu ou aura (si vous n’avez pas encore calculé les nouveaux scores) des répercussions significatives sur la notation de vos produits.
Notre analyse d’experts sur le nouvel algorithme
En tant qu’experts en Nutrition, nous avons pu réaliser de nombreuses simulations pour évaluer l’impact concret du nouveau système de notation. Dans cet article, nous nous intéresserons uniquement aux produits du cas général, et notamment ceux relevant du snacking.
Trois évolutions majeures de l’algorithme méritent une attention majeure : le durcissement des seuils pour les sucres et le sel du côté des nutriments négatifs ainsi que celui des fibres pour les nutriments positifs.
Ces ajustements permettent une meilleure différenciation des produits au sein d’une même catégorie, en s’alignant plus fidèlement avec les recommandations nutritionnelles actuelles.
Concrètement, qu’est-ce qui change ?
Désormais, les composantes sucres et sel peuvent se voir attribuer un nombre de points plus élevé, en raison de seuils larges et plus stricts. Cette évolution permet une meilleure différenciation entre les produits, là où l’ancien algorithme attribuait parfois le même score à des produits aux profils nutritionnels pourtant très différents.
Prenons l’exemple du sel : auparavant, deux charcuteries contenant respectivement 2,5 g et 4,1 g de sel aux 100 g obtenaient le même score sur cette composante (10 points, soit le maximum). Avec le nouveau barème, ces produits se voient désormais attribuer des scores distincts (12 et 20 points), permettant ainsi d’obtenir des notes différentes entre les produits.
Concernant les fibres, le nouvel algorithme impose un minimum de plus de 3 % de fibres pour obtenir des points sur cette composante, contre seulement 0,9% auparavant. Une évolution qui pénalise les produits contenant peu de légumes, légumineuses ou céréales complètes, et incite à une reformulation plus vertueuse en lien avec les recommandations nutritionnelles du PNNS.
Un impact direct sur les produits de snacking
L’analyse des nouvelles notations montre une nette dégradation des scores pour de nombreuses références du rayon snacking : plats préparés, pizzas, quiches, burgers…
À titre d’exemple, les plats préparés pouvaient autrefois afficher un Nutri-Score A ou B, malgré des teneurs élevées en sel ou en acides gras saturés. Avec le nouvel algorithme, ces produits obtiennent désormais majoritairement une note C.
Le constat est similaire pour les pizzas, burgers ou quiches : autrefois notés B ou C (et parfois D pour les versions les plus riches en sel et/ou en acides gras saturés), ces produits se voient désormais dégradés d’une lettre en moyenne : les références notées B passent en C, celles en C basculent en D etc…

Pour une meilleure discrimination des produits
Avec la mise à jour de l’algorithme, la discrimination entre les produits d’une même catégorie s’améliore nettement. Des produits qui affichaient auparavant de bonnes notes (A ou B), malgré une composition peu alignée avec les recommandations nutritionnelles, notamment des niveaux élevés de sel et une faible teneur en fibres, se voient désormais pénalisés.
Cette évolution permet également une meilleure différenciation au sein des gammes de produits. L’algorithme, basé sur 100 g de produit (et qui le reste avec la nouvelle version de l’algorithme), pouvait accorder de bonnes notes à des produits dont les portions réelles (souvent 250 à 300 g pour les plats préparés, pizzas, burgers…) peuvent couvrir à elles seules près de 100 % des apports journaliers recommandés en sel ou en acides gras saturés.
Nos simulations montrent que ces produits perdent en moyenne 1 à 2 lettres par rapport à leur notation initiale. Ainsi, plats préparés, pizzas, quiches et autres produits de snacking voient leurs scores se dégrader pour une meilleure cohérence avec nos recommandations nutritionnelles actuelles.
L’importance de l’évaluation de ses notes
Que vous soyez engagé dans la démarche Nutri-Score ou non, sachez que les nouvelles notes attribuées à vos produits sont disponibles auprès du consommateur, qui peut retrouver les Nutri-Score d’une majorité de produits sur la base de données Openfoodfacts.
Pour les industriels engagés dans la démarche Nutri-Score, même si vous disposez d’un délai de 24 mois pour modifier le Nutri-Score sur vos packs avec le nouvel algorithme de calcul, il est indispensable d’anticiper les évolutions en évaluant dès maintenant les nouvelles notes. En effet cela vous permettra d'identifier les produits dont la note se dégrade fortement et ainsi prioriser les reformulations nécessaires, dans un contexte où le consommateur est de plus en plus attentif à la qualité nutritionnelle des produits qu’il achète.